Photographier les étoiles et la Voie Lactée : guide pratique pour réussir vos photos
- PAR marie.levillain

La Voie lactée, notre galaxie, offre un spectacle céleste unique. Pour les amateurs de photo et de voyages, capturer la Voie lactée peut être une expérience très enrichissante. Je me suis lancée dans l’astrophotographie il y a maintenant 2 ans, et je vous partage mes meilleurs conseils et techniques pour tirer le meilleur de vos nuits à regarder le ciel, mais également mes erreurs et les meilleurs endroits et moments pour observer la Voie lactée.
Où et quand voir la Voie Lactée ? 🤔
Pour capturer la Voie Lactée, il est essentiel de réunir ces quelques paramètres :
🌌 Pas (ou très peu) de pollution lumineuse : trouver des endroits éloignés de la pollution lumineuse est crucial pour capturer la Voie Lactée. Les zones rurales, les parcs nationaux, et les réserves naturelles offrent souvent des cieux plus sombres. Vous pouvez utiliser des applications comme Dark Sky Finder pour localiser les zones les moins touchées par la pollution lumineuse, ou utiliser cette carte.
🧭 Saison optimale :
- Hémisphère nord (printemps et été) : la VL est généralement plus visible au printemps et en été dans l’hémisphère nord. Les mois d’avril à septembre seront parfait pour l’observation du ciel. Le pic de visibilité du centre galactique est en juin-juillet pour la France.
- Hémisphère sud (automne et hiver) : dans l’hémisphère sud, la période idéale pour observer la Voie lactée est de février à octobre, avec un pic de visibilité les mois de juin-juillet.
🌙 Pas de Lune : la luminosité de la Lune peut être très gênante pour l’observation des étoiles. Essayez de planifier vos sessions d’astrophotographie pendant les phases lunaires les plus sombres, c’est-à-dire autour de la nouvelle Lune. Vous pouvez regarder le calendrier des phases lunaires sur ce site. Il y est noté également l’heure à laquelle la Lune se couche et se lève, car si elle se lève très tard (disons 5h du matin), cela veut dire que le ciel restera sombre toute la nuit !
🧭 Un horizon sud/sud-est dégagé : pour vérifier si vous pointez dans la bonne direction, deux solutions : la bonne vieille boussole (sur le téléphone ça fait l’affaire !) ou Star Walk 2 donc je parle plus bas.
🕰️ Heures optimales de la nuit : La Voie lactée est souvent plus visible quelques heures après le coucher du soleil et avant le lever de la lune. Il faudra donc planifier vos sessions à ces horaires là.
💡Quelques applis utiles : Star Walk 2 et Photopills peuvent vous aider à planifier vos sessions d’astrophotographie en indiquant la position de la Voie lactée à différents moments de la nuit et de l’année. Je me sers de ces deux applications à chaque sortie !

Quel matériel choisir pour photographier les étoiles ?
Maintenant que vous savez que vous allez dormir peu pour pratiquer l’astrophotographie, voyons comment préparer votre sac photo et à quoi s’attendre en termes de technique.
L’équipement 📷
- Optez pour un appareil photo reflex ou hybride avec un capteur sensible à la lumière, capable de gérer les hautes sensibilités ISO sans compromettre la qualité d’image.
- Choisissez un objectif à grande ouverture, comme un objectif grand-angle avec une ouverture f/2.8 ou inférieure. C’est idéal pour permettre un maximum de lumière d’atteindre le capteur, ce qui évite de devoir trop monter en ISO et donc d’avoir du bruit sur ses photos. J’utilise un 14mm f/1.8 pour la plupart des photos de cet article, mais avant j’avais un 24-120mm f/4 et c’est honnêtement très limite pour avoir un rendu « wow » car l’ouverture à f/4 laisse passer trop peu de lumière.
- Munissez-vous d’un trépied, pour vous assurer une bonne stabilité pendant les poses longues.
- Une télécommande pour déclencher à distance vous sera utile, mais si vous n’en avez pas, vous pouvez utiliser le retardateur de votre appareil afin d’éviter un léger flou de bougé qui peut arriver lorsque vous relâchez le déclencheur.
- Téléchargez une application pour vous aider à planifier vos sorties photo : j’utilise Star Walk 2 depuis des années (la version gratuite) et elle permet de voir en « live » où la Voie lactée sera placée, l’heure, ainsi que pleins d’infos sur les événements astronomiques en cours ! Il vous suffit d’ouvrir la carte, de positionner la boussole sur votre lieu actuel et de faire défiler l’heure pour prévoir à quelle heure la Voie lactée passera devant votre appareil (ou pour créer votre composition évidemment). C’est très intuitif et l’appli est simplifiée au maximum.
Vous trouverez ici la liste complète de mon matériel qui m’a permis de capturer les photos de cet article au fil des ans dans différents pays. Certains téléphones de nos jours permettent bien sûr de capturer les ciels nocturnes, à condition d’avoir toujours avoir au moins un objectif bien propre, un petit trépied et très peu de pollution lumineuse ! Mais vous n’aurez pas le rendu des photos de cet article avec un téléphone, gardez ça à l’esprit.
💡En plus de la liste ci-dessus, pensez à prendre de l’eau, une deuxième batterie et carte SD, une veste chaude (les nuits peuvent être fraîches même en été) et une petite lampe frontale pour vous repérer dans le noir. J’utilise une


Régler son appareil photo 💡
- Sensibilité ISO : pour photographier de la Voie lactée (pour faire de la photo de nuit en général), il est généralement recommandé d’utiliser des valeurs ISO élevées pour capturer la faible lumière des étoiles. Commencez avec une sensibilité ISO de 1600 à 3200, puis ajustez en fonction de la luminosité de votre environnement.
- Ouverture : optez pour la plus grande ouverture possible (f/2.8 ou un chiffre plus petit) afin de maximiser la quantité de lumière entrant dans l’objectif. Cela permet également d’obtenir des images nettes tout en préservant les détails dans le ciel nocturne. L’idéal reste une focale fixe en grand angle avec une grande ouverture (le 14mm f/1.8 de chez Sigma est parfait!) pour pouvoir inclure un premier plan et tout le centre galactique de la Voie Lactée.
- Vitesse d’obturation : le temps d’exposition doit être suffisamment long pour capturer la lumière des étoiles, mais pas trop long pour éviter le flou de mouvement des étoiles (car comme la Terre tourne sur elle-même, les étoiles produisent un filé lorsque la pose est trop longue. Je réserve la technique du star trail pour un article qui arrive bientôt!). Selon votre objectif et votre boîtier, l’exposition variera de 10 à 30 secondes. Il faudra expérimenter pour trouver vos réglages idéaux en fonction de vos conditions de prise de vue.
J’ai glissé sous chaque photo les EXIF (les réglages) utilisés pour chaque prise 📸 Évidemment, elles sont toutes passées par la case post-traitement sur Lightroom. Je vous détaille bientôt dans un autre article ma méthode pour traiter les photos nocturnes plus particulièrement de la Voie Lactée.
Quelques conseil supplémentaires 📝
- Format de fichier : vérifiez que vous avez bien sélectionné le format RAW pour avoir plus de flexibilité lorsque vous passerez par la case post-production. Cela permettra de corriger plus efficacement l’exposition, d’ajuster les couleurs et de donner vie au coeur galactique de la Voie Lactée.
- Balance des blancs : réglez la balance des blancs entre 3200K et 4000K pour obtenir un résultat naturel. Certains préfèrent laisser la balance des blancs automatique, ça se rattrape en post-production dans tous les cas.
- Mise au point : activez la mise au point manuelle et ajustez votre objectif à l’infini pour garantir une netteté optimale. Faites des tests préalables pour vous assurer que les étoiles et les aurores sont nettes. Les objectifs Nikon sont marqués du symbole ∞, tandis que les Sony rendent possibles la mise au point sur une étoile à travers le viseur.
- Réduction du bruit : pensez à désactiver la réduction du bruit dans vos paramètres, pour éviter que votre boîtier ne commence à traiter en interne votre photo. Cela vous permettra de gagner légèrement en détails dans les étoiles.
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Composition : pour moi l’un des points les plus importants ! Ce n’est pas parce que vous souhaitez capturer un ciel étoilé que vous devez en oublier de créer une jolie photo avec une belle composition (sauf si vous faites du ciel profond mais c’est un autre sujet que nous n’avons pas abordé). Inclure un premier plan intéressant (un arbre, une église, une voiture, des montagnes ou lacs gelés) transformera votre photo déjà « wow » en photo « woooooow » : cela ajoutera de la profondeur et du contexte à la scène. Utilisez la règle des tiers pour placer les étoiles et la Voie Lactée de manière stratégique dans le cadre, créant ainsi un équilibre visuel. Je vous conseillerai d’arriver de jour (si possible évidemment) pour pouvoir repérer les lieux et éventuellement sortir votre super appli Star Walk 2 pour visualiser où la Voie lactée sera placée et commencer à envisager vos compositions. Attention, si le spot est connu ou très facile d’accès, vous ne serez sans doute pas seul !
👉 Il n’y a pas la Voie Lactée ou vous avez la flemme d’attendre qu’elle apparaisse ? Rien ne vous empêche de capturer des photos d’un ciel étoilé, mais un premier plan deviendra essentiel pour permettre de raconter une histoire visuelle.




Quelques erreurs que j’ai fait au début 🫣
- Mes photos étaient trop sous exposées : j’ai toujours la sale manie de légèrement sous exposer mes photos (je me soigne) car je préfère protéger mes blancs, mais dans le cas de l’astrophotographie, c’est complètement inutile. J’avais peur de pousser un peu les ISO, mais en fait mon boîtier en est tout à fait capable, sans pour autant que je perde en qualité et sans trop de bruit. Les logiciels de post-traitement aujourd’hui peuvent très bien encaisser un petit débruitage si vous avez eu la main lourde sur ce paramètre.
- Je ne faisais qu’une seule photo par lieu/composition : ça m’arrive encore de faire des « single shots » pour la Voie Lactée, mais vous pouvez aussi multiplier les prises de vues pour les empiler avec un logiciel de traitement d’images et ainsi diminuer le bruit. On parle de la technique du « stacking » dans un prochain article.
- Mes photos étaient « oranges » : deux options pour ce cas de figure. Soit la balance des blancs est très mal réglée, soit le lieu est trop touché par par la pollution lumineuse. Pour la balance des blancs, revenez un peu en arrière dans l’article, on en parle, et si jamais vous n’êtes plus sur place, Lightroom règlera très bien le problème 🙂 Si le ciel est trop pollué niveau lumière, vous pouvez légèrement désaturer en post-production les oranges, ou alors changer de spot tout simplement ! Rien ne remplacera un ciel pur. Attention, au niveau de l’horizon, vous n’obtiendrez jamais de ciel totalement noir, même dans la plus reculée des réserves de ciels étoilés.
🌙✨ Les réserves de ciels étoilés, justement
- La réserve internationale de ciel étoilé (RICE) du Pic du Midi de Bigorre qui est la toute première en France à avoir été labellisée en 2013.
- La RICE du Parc National des Cévennes, qui s’étend sur les départements de l’Ardèche, du Gard et de la Lozère. C’est la plus grande réserve de ciel étoilé d’Europe depuis 2017.
- La RICE Alpes Azur Mercantour a été labellisée en 2019 et comprend le parc national du Mercantour, le parc naturel régional des Préalpes d’Azur et la communautés de communes Alpes d’Azur.
- La RICE du parc régional de Millevaches dans le Limousin depuis 2021. C’est l’une des zones les plus pures où observer les étoiles.
- Et la RICE du parc naturel régional du Vercors qui a déposé sa candidature et a été accepté en septembre 2023.



Capturer la Voie lactée, c’est s’aventurer dans l’inconnu de la nuit, seul.e, armé.e de techniques photographiques et d’un esprit émerveillé. À travers ces conseils, j’espère vous avoir fourni un petit guide pratique pour réaliser vos rêves et vous mettre des étoiles plein les yeux (et le capteur). Bonne chasse aux belles compositions et aux étoiles ! ✨📸
